Bogota de notre correspondant
Le corps d'Ana Cecilia Duque a été retrouvé, samedi matin, au bord d'un chemin isolé du village de Cocorna, non loin du lieu où des guérilleros l'avaient enlevée. L'institutrice de 25 ans avait fait l'objet d'un chantage sans précédent dans la guerre civile colombienne : dans un message envoyé à son père, des hommes de l'Armée de libération nationale (ELN, «guévariste») avaient exigé qu'il assassine un chef paramilitaire de la région pour retrouver sa fille saine et sauve. «Sinon, nous nous verrons dans l'obligation d'agir contre elle. Vous avez seulement deux jours.» L'exécution de la menace a provoqué l'indignation du président Alvaro Uribe, qui a dénoncé samedi cette «folie, péché inadmissible dans une démocratie». «Personne ne peut obliger quelqu'un d'autre à se transformer en assassin», a réagi Eduardo Cifuentes, Médiateur du peuple.
Complicité. L'épisode marque une nouvelle escalade dans les méthodes sanglantes de l'ELN opposée dans une guerre sans merci aux paramilitaires d'extrême droite, une milice irrégulière qui bénéficie, selon l'ONU, de la complicité de l'armée. Dans la région de Cocorna, une zone rurale à l'est de Medellin, la population civile est la première affectée : en mars, déjà, l'ELN avait provoqué une pénurie d'aliments par un blocus armé de plus de deux semaines, menaçant de mort toute personne qui se déplaçait sur les routes. Mercredi, plus près de Medellin, des paramilitaires présumés ont égorgé six habitants de la munici