Bruxelles (UE) de notre correspondant
Tony Blair, tout auréolé de son succès en Irak, a jugé bon d'adresser un avertissement à la «bande des quatre» (Allemagne, France, Belgique et Luxembourg) comme la surnomme délicatement le Financial Times , qui se réunit ce matin à Bruxelles sur la défense européenne : «Je ne veux pas que l'Europe s'érige en rivale de l'Amérique», a-t-il déclaré hier au quotidien britannique des affaires.
Avertissement. Pour lui, la France, qui souhaite faire de l'Europe une puissance diplomatique et militaire capable de rivaliser avec les Etats-Unis, a tort : «Je pense que ce monde multipolaire deviendrait rapidement [celui] de pouvoirs rivaux» et que «cela déstabiliserait le monde», comme au temps où l'URSS affrontait les Etats-Unis. Pour le Premier ministre britannique, il faut au contraire que l'Europe se satisfasse d'un «monde unipolaire», c'est-à-dire reposant sur la puissance américaine, même si cela n'exclut pas un «dialogue» entre les deux rives de l'Atlantique. Bref, la grenouille ne doit pas chercher à se faire aussi grosse que le boeuf.
L'avertissement est limpide : la Grande-Bretagne, seule puissance militaire européenne crédible avec la France, n'encouragera pas, et encore moins ne participera, à une quelconque entreprise «fractionnelle» susceptible d'affaiblir le lien transatlantique. Ce n'est pas un hasard si tous les autres pays européens, notamment ceux qui se sont alignés sur Washington dans la crise irakienne, ont refusé de se joindre