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Libération
Interview

«Menemisme et péronisme sont irréconciliables»

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publié le 29 avril 2003 à 23h03

Buenos Aires de notre correspondant

Torcuato Di Tella est un historien social appartenant à la gauche modérée du péronisme. Il a voté Nestor Kirchner, candidat officiel du Parti justicialiste, lors du premier tour de l'élection.

Comment définiriez-vous le péronisme ?

C'est un mouvement politique typique de l'Amérique latine comme le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) au Mexique ou le bolivarisme au Venezuela. Actuellement, c'est un mélange entre le Parti démocrate américain et la social-démocratie européenne. Mais il est vrai qu'à ses origines il incluait des éléments d'extrême droite et des militaires influencés par le colonel Juan Peron, qui se serait bien pris pour le Mussolini de l'Argentine. Il a échoué et a créé un parti populiste qui, pendant des décennies, a été le grand ennemi de l'establishment. Depuis le retour de la démocratie, en 1983, le mouvement justicialiste a modéré son attitude envers les classes dirigeantes.

Parmi les trois candidats en lice sous l'étiquette justicialiste quel est, selon vous, le véritable héritier du péronisme ?

Lorsque Carlos Menem a accédé au pouvoir en 1989, j'ai pensé qu'il aurait pu devenir le Felipe Gonzalez de l'Amérique latine. Mais il n'a pas réussi a établir une véritable social-démocratie et en voulant se lier avec l'establishment s'est brûlé les ailes. Il appartient à la droite ancestrale du pays et attire les voix d'une clientèle populaire qui a très peu de perception politique. A mon avis le «menémisme» ne peut pas se ré