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Libération

«Pas d'étrangers dans notre ville»

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Près de Pékin, barrages et contrôles de santé pour enrayer l'épidémie.
publié le 30 avril 2003 à 23h04

Mancheng envoyé spécial

Le policier masqué stoppe la voiture d'un geste qui n'appelle pas discussion. Le barrage situé à l'entrée de la bourgade de Mancheng n'a rien d'impressionnant ­ deux policiers, une infirmière ­, mais il suffit à nous empêcher de passer. «Pas d'étrangers dans notre ville», explique le policier, le mot «étranger» visant ici tous ceux qui ne sont pas du coin. «Fangbin» («prévention de la maladie»), ajoute un autre agent. Lorsque l'infirmière apprend que nous arrivons de Pékin, l'effroi se lit sur son visage, ou du moins dans son regard, au-dessus du masque. A 130 km de Pékin, la lutte contre l'épidémie de pneumopathie atypique est prise très au sérieux. Toute cette partie de la province du Hebei, toute proche de la capitale chinoise, est en effervescence pour bloquer la progression du virus. A un autre barrage, nous nous retrouvons avec un thermomètre sous le bras. La fièvre est le premier symptôme du Sras, et toute personne ayant une température au-dessus de 38° sera envoyée d'office à l'hôpital.

Citadelles. Souvent, ce sont les comités de quartier ou de village qui reprennent du service, et, drapeau rouge en tête, dressent des barrages de fortune sur les petites routes de campagne. Première cible : les travailleurs migrants qui fuient Pékin depuis huit jours et tentent de regagner leurs villages d'origine, au risque d'y amener le virus. Le long des routes, on peut voir des bus en provenance de Pékin arrêtés auprès de barrages de ce genre, pour d'intermin