Bujumbura envoyé spécial
C'était la première fois. Jamais encore les habitants de Buyenzi, un quartier populaire de Bujumbura, n'avaient entendu d'aussi si près le sifflement des bombes. Tellement près que trois d'entre elles sont tombées sur des maisons du quartier, tuant trois fillettes d'une même famille, âgées de 4, 9 et 15 ans. Une dizaine de jours après ces bombardements ayant frappé le coeur de la capitale, il ne reste plus rien de leur petite maison, juste des gravats et de la tôle froissée, au pied d'un palmier.
Lorsque les obus ont commencé à tomber, le 18 avril, vers 23 heures, Marcel n'en est pas revenu. «Comment, ça commence aussi à Buyenzi ?», s'est étonné cet homme proche de la quarantaine, réveillé alors qu'il dormait dans la pièce qui jouxte celle où se trouvaient les trois fillettes tuées. C'est lui qui a sorti des décombres les corps des petites victimes, pendant que les explosions continuaient de retentir aux alentours. C'est lui aussi qui a évacué leur mère, grièvement blessée à la tête. Père d'un bébé de quinze mois, il dit avoir découvert «ce qu'est vraiment l'insécurité». «On a du mal à s'endormir la nuit. On a même songé à fuir le Burundi», assure-t-il entouré de sa famille, tout près des débris.
Surpris. Jusqu'à présent, Marcel et les autres habitants de ce quartier se croyaient à l'abri. Parce qu'ils sont majoritairement hutus, tout comme les rebelles des Forces pour la défense de la démocratie (FDD), qui ont revendiqué les bombardements. Mais les der