Varsovie de notre correspondante
Dans un pays à 90 % catholique, une campagne contre l'homophobie ne pouvait être tolérée longtemps. A Varsovie, les affiches, collées début avril, ont dû être enlevées au bout de dix jours sous la pression des autorités locales. A Cracovie, elles ont été barbouillées de peinture par des jeunes d'extrême droite. Le maire postcommuniste, cédant à la droite, a aussi interdit d'en apposer sur les arrêts de bus et de tramways, «pour qu'ils ne soient pas abîmés par des vandales».
«Pourtant, les affiches n'ont rien de choquant», souligne Robert Biedron, 27 ans, militant gay. Sur l'une, deux jeunes filles se tiennent par la main en souriant. Sur une autre, deux garçons marchent dans la rue main dans la main. Le tout surmonté d'une inscription: «Qu'ils nous voient !» «Le but est que la société nous accepte, explique Biedron, c'est une première étape. On ne demande ni mariage homosexuel ni adoption d'enfants, ces revendications sont encore impossibles en Pologne.» «Mais on ne s'attendait pas à un tel degré d'agressivité, poursuit-il, rien n'a changé pour nous depuis la chute du communisme il y a douze ans. C'est peut-être même pire.»
«En cachette». A l'époque communiste, officiellement il n'y avait pas d'homosexuels en Pologne : il n'y en avait qu'en Europe occidentale. Contrairement à la Roumanie de Ceausescu, où les rapports homosexuels étaient interdits par la loi, les homosexuels polonais n'étaient pas réprimés. «Mais, aujourd'hui, ils doivent toujour