Camp Al-Achraf envoyé spécial
Ils sont là, au détour de la route, juchés sur un pick-up équipé d'une mitrailleuse. «Sprechen sie deutsch ?», s'enquiert le premier. «Si parla italiano ?», demande le second. Par gestes, ils finissent par expliquer qu'il faut encore parcourir quelques kilomètres jusqu'à une grande antenne de télécommunications. L'entrée du camp Al-Achraf se situe à 500 mètres à gauche. Après une courte discussion en persan, les deux hommes décident de nous escorter jusqu'à la principale base des Moudjahidin du peuple, située à une centaine de kilomètres au nord-est de Bagdad, sur la route de Kirkouk, juste après le village de Khaliss.
Le mouvement est lié au régime de Saddam Hussein dont il a par le passé exécuté les basses oeuvres pour gagner son «permis de séjour». Inscrits par les Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes, les Moudjahidin du peuple avaient tout à perdre dans la guerre lancée par Washington contre l'Irak. Leur siège, au centre de Bagdad, a été l'un des premiers bâtiments pillé et saccagé par une population qui leur voue une rancune tenace. Il est aujourd'hui occupé par des familles de squatters.
Omniprésents mais invisibles. Mais au camp Al-Achraf, rien ne semble avoir changé. Deux gardes surveillent l'accès. Plus loin, les visiteurs doivent contourner une chicane, puis patienter pendant que le poste de contrôle effectue les vérifications d'usage. Le drapeau du mouvement, blanc frappé d'un lion et d'un soleil, côtoie celui de l'Ira