Bangkok de notre correspondant
Thaksin Shinawatra, arrivé hier pour une visite officielle de trois jours en France, est un leader atypique dans la galerie des chefs de gouvernement thaïlandais de ces dernières décennies. Homme d'affaires qui a fait fortune dans les télécommunications, il agace et séduit tour à tour. Sa popularité parmi les Thaïlandais est considérable : personne ne voit qui pourrait le défier lors des prochaines élections législatives, dans deux ans.
Autocratique. Les Thaïlandais aiment chez lui l'homme d'action, le politicien créatif et capable de décisions rapides. «Il ose» est le jugement répété par les cadres comme par les petites gens. Shinawatra n'a pas hésité à s'attaquer à l'omnipotente bureaucratie ou encore les réseaux mafieux. De nombreux journalistes et travailleurs humanitaires thaïlandais abhorrent ses tendances autocratiques, son refus des critiques, sa manie de croire que l'argent peut tout résoudre. Pourtant rien n'a autant renforcé la popularité du Premier ministre que la «guerre contre la drogue», qu'il a lancée début février et qui s'est achevée fin avril. Au cours de cette campagne qui visait essentiellement à éradiquer le trafic de méthamphétamines devenu un fléau social, 2 300 personnes, en majorité des petits trafiquants, ont été abattues. Officiellement, il s'agit d'une guerre interne entre gangs. Mais selon des organisations de protection des droits de l'homme, des policiers en civil auraient exécuté les suspects placés sur une liste