Bagdad envoyé spécial
Il y eut des piquets à l'entrée des bâtiments déglingués, des manifestations dans le campus poussiéreux et même quelques brèves échauffourées. «Les collaborateurs du tyran brûleront dans les flammes de l'enfer», clame une banderole se référant à un verset du Coran. Alors que l'administration provisoire américaine a finalement tranché pour une «débaassisation» drastique après avoir longtemps hésité sur l'attitude à suivre vis-à-vis des membres de l'ancien parti au pouvoir , les étudiants de la capitale irakienne se sont lancés depuis quinze jours dans le grand nettoyage. «Les gens du Baas ont ruiné le pays et ont fait souffrir le peuple : nous ne voulons surtout plus les voir», s'exclame Ali Jouhad, étudiant en espagnol. L'une après l'autre, les facultés ont toutes pris le tournant. Celle des langues élisait dimanche son nouveau doyen, Nafer Ziya, un éminent germaniste «humain et tolérant», qui a surtout le grand mérite de n'avoir pas été un membre actif du parti Baas, à la différence de 80 % de ses collègues.
Etudiants partagés. «Certains baassistes étaient de vrais salauds, d'autre non et avaient juste pris leur carte au parti pour faire carrière, mais il est essentiel désormais de donner le signal du changement. On les laisse terminer l'année scolaire mais ils ne doivent avoir accès à aucun poste de responsabilité, explique Sadik Aziz, un professeur de français qui veut faire place nette. Il y a eu des milliers de bons universitaires contraints à s'e