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Libération
Reportage

RD-Congo: le chaos après les combats

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Malgré le cessez-le-feu, les rescapés de Bunia, en Ituri, vivent la peur au ventre.
publié le 23 mai 2003 à 23h07

Bunia envoyé spécial

Les cadavres ont été ramassés mais la grande rue en terre qui traverse Bunia est toujours déserte. Les rideaux de fer sont tordus devant les magasins pillés. De rares piétons longent les murs criblés de balles. Depuis la signature, le 16 mai, d'un cessez-le-feu entre groupes armés, la ville est apaisée mais les deux semaines de combats entre milices tribales Lendu et Hema ont fait des ravages: au moins 310 morts, selon le dernier bilan fourni par l'ONU.

En haut de la rue défoncée, plusieurs milliers de civils ont trouvé refuge autour du quartier général de la Monuc (Mission des Nations unies en République démocratique du Congo). Des fils barbelés ont été déroulés et des véhicules blindés gardent les deux entrées. Chaque soir, environ 3 000 personnes, réfugiées dans leur propre ville, dorment là, espérant bénéficier de la protection des Casques bleus. Des femmes préparent de la bouillie avec de la farine de manioc et font frire des oignons. La fumée d'huile de palme gratte la gorge. Le jour, il fait chaud sous les bâches en plastique. La nuit, les couvertures manquent. C'est l'attente.

«Traumatisé à la maison». Corneille Amuri, 46 ans, est assis sur un tissu coloré, à même le sol, aux côtés de deux de ses amis. «Il fallait fuir les visites nocturnes dans les maisons, les pillages, les balles perdues, raconte-t-il. La vie est sauve seulement auprès de la Monuc.» Un timide garçon s'approche. «Je m'appelle Blaise, j'ai 13 ans, je veux parler.» Blaise parle très