Alger envoyé spécial
Lazare a perdu deux fois sa maison en moins de deux ans. A l'automne 2001, il avait déjà été chassé de chez lui par la coulée de boue meurtrière qui avait dévasté Bab-el-Oued. Mercredi soir, c'est le tremblement de terre qui a détruit son appartement à Dergala, un quartier modeste de Borj-el-Kiffan, une ville de 150 000 habitants à une trentaine de kilomètres à l'est d'Alger.
Comme d'autres sans logis de Bab-el-Oued, Lazare avait été relogé, il y a environ un an, à la «Cité des 64», une poignée d'immeubles de trois étages, sortes de parallélépipèdes ocre. Mercredi, aux alentours de 19 h 45, Lazare et ses voisins regardaient le match Celtic de Glasgow-FC Porto à la télé quand ils ont senti des vibrations. «Tout le monde a pris ses enfants et s'est précipité dehors», raconte Lazare qui habitait au premier étage.
«Vraie guillotine». Les siens sont saufs mais, au rez-de-chaussée, une petite fille de 6 ans est morte et plusieurs personnes ont été blessées. Vendredi après-midi, Lazare marche, hagard, au milieu des gravats. Ce sont des rez-de-chaussée qui ont le plus souffert du séisme en raison de la pression du poids des étages supérieurs. Une dalle surplombe dangereusement un hall d'entrée : «Une vraie guillotine», souffle un vieil homme. Il n'y a plus d'escalier, les marches se sont effondrées et sont recouvertes de monceaux de briques et de parpaings.
Sur les toits des immeubles, les citernes qui approvisionnent en eau les habitants ont explosé et l'eau qui a