Durham, Caroline-du-Nord
envoyé spécial
Derrière les barreaux et la vitre épaisse, Alan Gell a des allures de gamin. A chaque question, il se perd dans un silence, comme s'il avait besoin d'un temps de réflexion avant de répondre. Il passe la main dans ses cheveux blonds et sourit doucement. «De la colère ? Non, je n'en éprouve pas. Sinon, j'aurais été bouffé de l'intérieur depuis longtemps. J'ai beaucoup appris en prison. J'essaie d'avoir une attitude positive. Bien sûr, il y a des jours qui sont plus difficiles que d'autres. Je suis un peu perdu, je n'ai plus confiance en grand-chose. Mais je n'ai jamais capitulé car je sais que je suis innocent. Aujourd'hui, j'espère que tout va bien se terminer.»
Entre les quatre murs gris de sa cellule, à la «Central Prison» de Raleigh, en Caroline-du-Nord, Alan Gell attend. A 28 ans, il vient de passer les huit dernières années de sa vie dans le couloir de la mort, condamné à la peine capitale pour un crime qu'il a toujours dit n'avoir pas commis. Jusqu'à il y a peu, personne ne s'intéressait vraiment à son cas, mais aujourd'hui, les faits semblent lui donner raison. En décembre dernier, un juge a ordonné la réouverture de son procès, après des révélations selon lesquelles la police avait dissimulé des documents qui auraient pu le disculper. Dans les jours qui viennent, le bureau de Roy Cooper, l'attorney general (ministre de la Justice) de Caroline-du-Nord, doit décider s'il veut instruire à nouveau le dossier ou tout simplement relâcher