Concordia envoyé spécial
Au crépuscule, la brume du fleuve Uruguay et la fumée des cabanes chauffées au bois estompent les faubourgs miséreux qui entourent l'ancienne capitale des agrumes, mieux connue aujourd'hui pour être la ville la plus pauvre d'Argentine. Selon l'Indec, l'institut argentin des statistiques, 66 % des 137 000 habitants y vivent en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 230 euros par mois par foyer. Chef-lieu d'un département de la région d'Entre Rios, à 470 km au nord-ouest de Buenos Aires, Concordia n'est plus que l'ombre de cette petite ville florissante décrite par Antoine de Saint-Exupéry dans un des chapitres de Terre des hommes. En 1929, au cours d'un vol entre Buenos Aires et Asuncion, la capitale du Paraguay, l'aviateur, pris dans une tourmente, avait dû s'y poser en catastrophe.
Détournements de fonds. Alors qu'elle compte les terres les plus riches et les plus chères du pays, la province d'Entre Rios, peuplée d'1,2 million d'habitants, accumule une dette de 2 milliards de pesos (660 millions d'euros). Les instituteurs et professeurs de l'école publique, qui n'ont pas été payés depuis deux mois, sont en grève, et la moitié des 320 000 écoliers ne sont pas rentrés à l'école comme prévu, en mars. Le gouverneur, Sergio Montiel, du Parti radical, garantit la reprise des cours à la fin du mois si les fonds promis par l'Etat sont versés. Mais cet avocat de 75 ans, deux fois à la tête de la province entre 1983 et 1987, puis de nouveau à