Ouest de la Côte-d'Ivoire envoyée spéciale
En deux temps trois mouvements, le campement est installé. Groupes électrogènes, citernes, lits moustiquaires, le village de Goulaleu est investi pour la nuit par la Légion étrangère. Le convoi, composé d'une centaine de véhicules blindés, a quitté le matin même Guiglo, à une centaine de kilomètres de là, pour s'enfoncer dans le Grand-Ouest ivoirien, sous contrôle des forces loyalistes. But de l'opération : se déployer entre les ex-belligérants ivoiriens et sécuriser la région en créant une «zone de confiance» contrôlée par la mission française Licorne et les forces ouest-africaines.
Si quelques légionnaires s'interrogeaient encore sur le sens de cette mission, le passage par Goulaleu aura suffi à les éclairer. Le hameau est situé sur l'axe longeant la frontière avec le Liberia, théâtre jusqu'à peu de violents combats. Goulaleu est désert, éventré, désolé, les maisons calcinées, les toitures défoncées. Tout indique un pillage massif. Sur les murs, des chefs de guerre mégalomanes ont signé leurs faits d'armes : Flying Eagle, commandant Chaud Chaud, Roméo di Kaho, Black Rambo. Les inscriptions en anglais témoignent du passage des Libériens, combattants des deux côtés, rebelle et gouvernemental. Sur le tableau noir d'une école dévastée, une promesse de vengeance témoigne du conflit ethnique qui existe à l'ouest : «Les Yacoubas ont tué les Guérés (considérés comme les sympathisants de Laurent Gbagbo, ndlr), maintenant nous les Guérés, nou