Genève de notre correspondant
Que se passe-t-il à Genève ? Le couvre-feu ? L'alerte générale ? Pire encore, la guerre ? Avant même l'arrivée du moindre manifestant anti-G8, Genève se barricade. Et la psychose s'étend. Des écoliers lausannois ont dû faire des exercices d'évacuation d'urgence. Les banquiers des quelques établissements qui resteront ouverts pendant le sommet d'Evian ont donné instruction à leur personnel de s'habiller en jeans ou décontracté. L'heure est au camouflage. Le complet cravate et l'attaché-case sont prohibés. Pas question de heurter la sensibilité d'un manifestant altermondialiste en lui agitant sous le nez une étoffe de marque.
Hors service. La guerre des classes continue, mais la trêve vestimentaire est proclamée. Pour le reste, c'est bien l'état d'urgence : les autorités ont mis en alerte le plan Osiris dans les hôpitaux, en cas de catastrophe. La Poste s'arrête. Les cinq Mc Donald's genevois ont mis provisoirement la clef sous le paillasson. Les distributeurs d'argent ont été mis hors service. La plupart des commerces chics du centre-ville, les horlogers, joailliers, magasins de vêtements, fourreurs, établissements financiers... ont adopté différentes stratégies face aux «hordes barbares» qui vont déferler sur la ville. Il y a les petits futés : ils ont demandé aux entreprises de construction d'apposer des planches usagées sur leur devanture et d'y afficher le panneau «rénovation» ou «travaux». Il y a ceux qui redoutent le pire et, derrière les pla