Charles Powell est politologue et professeur d'histoire contemporaine à l'université madrilène de San Pablo. Il analyse les résultats des élections municipales et régionales de dimanche en Espagne.
Après l'engagement d'Aznar auprès de Bush, on avait parlé d'un scrutin à grands risques pour Aznar...
Contrairement à ce qui avait été dit, l'attitude du gouvernement Aznar durant la guerre en Irak n'a pas vraiment été sanctionnée par l'électorat, ce qui ne veut pas dire que la population n'a pas été ou n'est pas en désaccord avec ce bellicisme. En fait, l'idée a prévalu que ce type de sanction électorale n'a pas lieu d'être lors des municipales et régionales ; elle pourrait se produire en revanche lors des législatives de l'année prochaine. Il faut en outre rappeler que, depuis les municipales de 1979, l'Espagne a connu le plus puissant mouvement de décentralisation en Europe, ce qui renforce la dimension locale de ce type de scrutin.
Les observateurs avaient annoncé une large défaite du PP. Comment expliquer que le parti au pouvoir a si bien résisté ?
D'abord, à mon avis, parce qu'Aznar et les siens ont fait une bonne campagne, axée non seulement sur des thèmes locaux mais aussi sur des sujets plus généraux tels que l'immigration ou le logement. Ensuite, parce que les précédents sondages ne reflétaient pas les sentiments de nombreux votants «passifs», membres de la classe moyenne conservatrice ou issus des couches populaires. Ce sont des gens qui n'ont pas participé aux manifestatio