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Interview

«Les appels frénétiques à la confiance masquent un désarroi»

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publié le 29 mai 2003 à 23h11

Ayez confiance, malgré un monde qui doute. Le 21 mai à l'Elysée, lors de la présentation des priorités françaises au G8, Jacques Chirac a employé une quinzaine de fois le mot «confiance». Quel sens peut-on donner à l'utilisation répétée, par tous les chefs d'Etat du G8, de ce mot ? Analyse de Jacques Birouste, professeur de psychologie à l'université Paris-X-Nanterre et directeur de la prospective à l'Ecole nationale des arts et métiers.

Pourquoi les dirigeants politiques nous invitent-ils toujours à avoir confiance ?

Parce que nous cherchons à satisfaire les trois besoins fondamentaux que sont la sécurité, le changement et la relation à autrui. L'utilisation répétée du mot «confiance» est une tentative de réponse. Mais elle s'avère quelque peu incantatoire. Elle correspond à une perception d'un manque, auquel nos actuels modes de vie ne savent pas répondre. La confiance évoque l'assurance de la fidélité, de la fiabilité, de lien social et de solidarité. Comme les fiançailles par exemple, où la parole donnée fournit le cadre sécuritaire et apaisant d'une relation. Mais la confiance recèle aussi l'idée de mystère, d'incertitude, voire de trahison possible. Malheureusement, la répétition outrancière de la demande de confiance est plus révélatrice d'un symptôme : l'absence de confiance en des solutions claires.

Ces appels à la confiance cachent-ils une absence de dessein commun ?

Traditionnellement, les chefs d'Etat se placent en guides éclairés de leur peuple, aveugle mais «confia