Alors que la guerre contre le terrorisme bat son plein, le monde n'a jamais été aussi peu sûr depuis la fin de la guerre froide. Amnesty International n'est pas du genre à manier les paradoxes gratuitement. Dans son rapport annuel fondé sur les informations recueillies aux quatre coins de la planète par plus de 400 chercheurs, l'association de défense des droits de l'homme évoque, preuves à l'appui, les effets pervers de la quête effrénée de sécurité. «Vouloir un monde plus sûr, c'est exiger un changement fondamental du concept même de sécurité», écrit la secrétaire générale de l'organisation, Irène Khan. Reste à en convaincre les gouvernements, notamment ceux des Etats démocratiques qui donnent le la au reste du monde.
L'ONG se livre à une charge violente contre les Etats-Unis. La détention à Guantanamo, en dehors de tout cadre juridique, de quelque 600 personnes arrêtées en Afghanistan «porte atteinte» à l'autorité morale de ce pays, assure Irène Khan. Il y a plus grave : comme l'avait déjà souligné l'association dans son rapport précédent, l'exemple américain a été aussitôt exploité par un chapelet d'Etats. En Grande-Bretagne, les nouvelles dispositions antiterroristes autorisent la détention sans mandat pour sept à quatorze jours. En Europe, plus généralement, c'est le droit d'asile qui a fait les frais du raidissement constaté à l'échelle mondiale.
Légitime défense. Amnesty cite aussi le cas du Parlement de l'Inde, un Etat démocratique, qui a promulgué, en mars, une loi r