Kirkouk envoyé spécial
Du linge sèche sur les tribunes où picorent quelques poules. Des chèvres broutent l'herbe pelée de la pelouse. Quelque 300 familles kurdes se sont installées dans le grand stade de Kirkouk. «Nous espérons que les Américains vont maintenant nous donner un logement», explique Jelal Jomha, chassé avec les siens il y a sept ans par le régime vers Erbil, la capitale de la zone autonome kurde qui échappait depuis 1991 au contrôle de Bagdad. «Là-bas, on vivait sous la tente comme des réfugiés, ici aussi, mais au moins on est chez nous», renchérit son frère, assis sur un tapis élimé à l'entrée d'un des vestiaires où s'entassent les quinze membres de la famille.
Affrontements. Depuis un mois, des milliers de Kurdes reviennent à Kirkouk, campant dans les friches des banlieues ou les bâtiments en ruine. Ils occupent les appartements abandonnés par des sbires du Baas et n'hésitent pas à faire évacuer sous la menace des familles arabes installées par le défunt régime. «Nous sommes venus sans l'avoir choisi il y a vingt-cinq ans. Refuser, c'était aller vers une mort certaine et mes enfants sont nés ici», se justifie Ismaël Akram, ouvrier soudeur arabe, originaire du sud de l'Irak. De l'autre côté de la grande rue défoncée, le quartier Chorja est en majorité kurde. Cinq ou six fois, des miliciens sont venus perquisitionner leurs voisins à la recherche d'armes, mais surtout à des fins d'intimidation. Mis sous pression, certains ont accepté de vendre à des Kurdes «pour u