Pékin de notre correspondant
Tian Huiping se souvient du 24 avril comme du pire jour de sa vie. Cette femme qui a fondé et dirige toujours une école pour enfants autistes dans la banlieue de Pékin, sort à peine d'un cauchemar qui a pour nom le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). Elle n'a pas attrapé elle-même la pneumopathie atypique, mais l'épidémie a ébranlé son école, une organisation non-gouvernementale unique en Chine, menacée aujourd'hui de disparaître sous l'effet du choc.
Le 24 avril à minuit, Tian Huiping reçoit un coup de téléphone de Cui Lei, une enseignante de son établissement, âgée de 28 ans. Cui Lei est en larmes et désespérée : présentant depuis trois jours les symptômes du Sras, elle se trouve après une longue errance devant les grilles de You An, l'un des grands établissements hospitaliers de Pékin où on lui refuse l'admission. Tian Huiping remue alors ciel et terre et, grâce à l'intervention d'un homme d'affaires britannique, parvient à faire admettre la jeune femme fiévreuse et à bout de nerfs, qui sombre peu après dans le coma.
Lâchetés. Cela faisait pourtant quatre jours que le gouvernement chinois, après avoir occulté pendant plusieurs semaines l'épidémie à Pékin, avait reconnu son ampleur dans la capitale, et sonné la mobilisation de tous les moyens médicaux. Mais Cui Lei et l'école Xing Xing Yu («Pluie d'étoiles») ont été victimes de la panique générale à Pékin, des lâchetés bureaucratiques et individuelles, de l'incompétence des uns, de l'irrespo