Washington de notre correspondant
Ancien conseiller de Bill Clinton sur les affaires israélo-arabes, Robert Malley est directeur du programme Moyen-Orient au centre de recherche International Crisis Group.
Bush rencontre mercredi Abou Mazen et Ariel Sharon à Aqaba. Le président américain vous semble-t-il prendre le chemin d'un véritable engagement personnel au Proche-Orient ?
Depuis la guerre en Irak, on assiste à un changement d'approche qui dépasse tous les espoirs qu'on pouvait avoir jusque-là. C'est une bonne surprise. Bush, j'en suis sûr, est sérieux dans sa volonté d'avancer vers la paix. Reste à savoir s'il ne sous-estime pas le degré de «sérieux» nécessaire, et en particulier s'il est prêt à exercer les pressions nécessaires sur les deux parties. Il bénéficie de deux atouts. D'abord, les attentes sont extrêmement basses, et il suffit donc de peu pour créer une impression de mouvement. Ensuite, il profite de quelque chose de bien plus important que la «feuille de route» ou que n'importe quel autre document de paix : un réalignement de la donne politique, que ce soit à Jérusalem, à Ramallah, à Riyad ou au Caire.
Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il est «sérieux» ?
Tous les échos que j'ai, concernant ce qu'il a dit aux dirigeants israéliens et palestiniens, démontrent un nouvel état d'esprit. Pour la première fois, ce processus est devenu un peu le sien : son empreinte est désormais sur la «feuille» de route.
La chute de Saddam Hussein, en changeant la donne dans la région, a