Tokyo de notre correspondant
«On a cru que les os retrouvés étaient ceux de mon grand frère. En fait, ce n'étaient pas les siens.» Depuis plus de vingt ans, Nobuhiro Matsuki est poursuivi par l'ombre de son frère aîné, Kaoru, disparu en Europe à l'âge de 23 ans. Enrôlé au Japon, il fut enlevé en Espagne par l'organisation terroriste Nihon Sekigun (Armée Rouge japonaise) à laquelle il avait adhéré. «La dernière fois que je l'ai vu, c'était en 1988, à la veille de son départ pour l'Espagne. Je connaissais mal ses activités. Je savais seulement qu'il allait à Madrid rejoindre des membres de l'Armée Rouge.» 1988, c'est l'année où un groupe terroriste nippon, le gang du Yodogo, commet des attentats meurtriers en Espagne, en juin contre la base américaine de Torrejon, et en juillet à Madrid. Sous le coup de mandats d'arrêt internationaux, ses dirigeants s'enfuient. Leur terre promise sera la Corée du Nord, pays ami. En 1970, sous la menace d'un sabre, quatre de ses membres avaient détourné vers Pyongyang un avion de la Japan Airlines. Ils avaient été accueillis en Corée du Nord en véritables héros. «On a envisagé toutes les hypothèses mais jamais celle d'un enlèvement par l'Armée Rouge pour le compte de la Corée du Nord, poursuit Nobuhiro Matsuki. On s'est résignés quand on a reçu une lettre nous informant que mon frère avait été enlevé et se trouvait à Pyongyang en bonne santé. Depuis, plus de nouvelles.»
Infiltrations. Durant les années 70 et 80, la Corée du Nord cautionne le gang