Berlin de notre correspondante
Sabine von Oppeln dirige le cycle d'études franco-allemand à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'institut Otto-Suhr de la Freie Universität de Berlin (1).
La nouvelle entente entre Chirac et Schröder est-elle réelle ou conjoncturelle ?
La question n'est plus de savoir si les deux hommes s'entendent bien ou non. Mais plutôt de savoir ce que la France et l'Allemagne peuvent apporter à l'Europe. Et là, j'ai des doutes. Les deux pays ont pris des orientations radicalement différentes qui les empêchent de trouver des réponses constructives aux grands défis de l'Union européenne. On ne peut plus vraiment parler de «relation privilégiée». Cela n'a d'ailleurs plus de sens, car avec l'élargissement de l'Europe à l'est, on ne peut plus utiliser les mêmes recettes pour faire fonctionner l'Union.
La célébration du traité de l'Elysée n'a-t-elle pas donné un nouvel élan au couple franco-allemand ?
Il est plus symbolique que réel. On a envoyé les députés allemands à Versailles, fait une jolie photo, et alors ? Le traité de l'Elysée a servi de prétexte historique pour nous faire croire que la crise de Nice (2) était surmontée. Mais les divergences de vues entre les deux pays restent profondes. Ainsi, sur la question agraire, la France et l'Allemagne n'ont pas défini de politique commune. Les deux pays ont juste opté pour un statu quo afin d'éviter de bloquer l'élargissement. Mais il faudra bien envisager un jour de vraies réformes. On pourrait citer des