Bogota de notre correspondant
Près de 100 millions de Latino-Américains ont découvert ces dernières semaines qu'ils comptaient au moins aux yeux d'un gouvernement : celui de Washington. Les fonctionnaires américains ont fiché à leur insu Mexicains, Colombiens, Argentins et Brésiliens (entre autres) depuis au moins dix-huit mois. Le moyen : l'entreprise Choice Point, basée à Atlanta, qui a offert en septembre 2001 à une agence fédérale des Etats-Unis un petit trésor d'informations sur les voisins du Sud. L'accès à la liste des 60 millions d'électeurs mexicains, de leurs permis de conduire et numéros de téléphone «y compris en liste rouge», le registre des 31 millions de Colombiens adultes «avec description physique, état civil et numéro de passeport», celui des Costaricains «actualisé chaque mois»... sont quelques-uns des services vendus par l'entreprise à l'Immigration National Service (INS) et au ministère de la Justice pour la modique somme de 1 million de dollars par an.
Pot aux roses. Toutes ces informations ne viseraient qu'à assurer la sécurité du «grand frère américain», érigé en Big Brother continental. «Le but est d'instaurer un monde plus sûr», a affirmé James Lee, responsable de Choice Point, au quotidien mexicain La Jornada. «Il faut être informé sur le risque que représentent les personnes qui entrent dans notre pays», a-t-il ajouté. Les personnes et leurs biens : la firme propose aux autorités américaines les coordonnées de tous les avions et entreprises de Colom