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Libération

A Aceh, exactions sans témoins de l'armée indonésienne

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Des civils, prétendus rebelles, auraient été tués par l'armée.
publié le 12 juin 2003 à 23h21

Bangkok de notre correspondant

Aceh, province rebelle au nord de l'île indonésienne de Sumatra, se réinstalle dans la guerre civile avec son cortège de souffrances, d'exactions et de propagande. Quatre semaines après la rupture de l'accord de cessation des hostilités négocié par l'intermédiaire du centre Henri-Dunant, l'offensive militaire indonésienne bat son plein. La loi martiale a été décrétée, des villageois sont exécutés sommairement, et journalistes et travailleurs huma ni taires sont chassés de la province. «Nous en sommes revenus aux pires temps de l'époque Suharto», constate Wittaya Sucharitthanarugse, un universitaire thaïlandais spécialiste d'Aceh.

Opération de ratissage. Officiellement, l'armée et la police indonésiennes ont perdu 23 des leurs et auraient abattu 160 rebelles du GAM, le Mouvement pour Aceh libre qui revendique l'indépendance de l'archipel indonésien depuis 1976. Selon des témoignages directs, toutefois, une partie des personnes exécutées étaient de simples villageois pris à partie par des soldats qui ne les ont pas trouvés assez coopératifs. Dans le village de Peusangan, par exemple, au coeur d'une des régions les plus touchées par la violence, sept villageois, âgés de 13 à 55 ans, ont été tués par balles par des soldats indonésiens lors d'une opération de ratissage. La version du porte-parole de l'armée diffère : c'étaient des membres du GAM qui tentaient de s'enfuir. Les journalistes locaux ou étrangers qui ont répercuté les témoignages des villa