Karvina envoyé spécial
Une place baroque baignée de lumière, des façades couleurs pastel. Des terrasses de café où de jeunes gens se sourient. Au premier abord, Karvina, ville tchèque perdue aux confins de la Silésie et de la Moravie, à quelque 400 kilomètres à l'est de Prague, semble un lieu où il fait bon vivre.
Mais dès qu'on quitte la place, de tristes immeubles en béton des années 60 s'alignent à perte de vue, séparés parfois de jardins aux arbres rachitiques. C'est Nove Mesto, le quartier ouvrier. Karvina semble avoir été oublié par la vague de modernisation qui a suivi la Révolution de velours, en 1989. «Moi, dès qu'on fait partie de l'Union européenne, je prends mon sac et je me tire d'ici !», affirme Jan, un jeune apprenti maçon, sans travail depuis six mois.
Maire communiste. Karvina est exemplaire de cet autre visage de la République tchèque, caché derrière les succès économiques si souvent vantés par les investisseurs occidentaux. A Karvina, le taux de chômage est le plus élevé du pays : 20 %, contre une moyenne nationale de 8,5 %. En même temps, avec ses 65 000 habitants, Karvina est la plus grande ville dirigée par un maire communiste. Aux élections municipales de novem bre 2002, Antonin Patras, membre du parti depuis 1958, a obtenu 39 % des suffrages, loin devant ses adversaires sociaux-démocrates. «Les gens ne sont pas satisfaits avec toutes ces réformes, ces privatisations, le chômage, les réductions draconiennes de leur couverture sociale. Ils se sentent aband