Monrovia envoyée spéciale
Assis sur le parapet du pont Saint-Paul couvert de douilles de tout calibre, le général Benjamin D. Yeaten, l'un des principaux chefs des miliciens soutenant le président Charles Taylor, commente sa victoire : parvenus aux portes du centre-ville, dans le faubourg Brewerville, les rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) ont été repoussés à une trentaine de kilomètres au nord de ce passage stratégique. «Personne ne va entrer ici pour dire qu'il vient chasser le président Taylor. Tout le monde me connaît, je sais de quoi je parle.» Autour de lui, ses hommes dépenaillés, torse nu, brandissant couteaux de chasse, lance-roquettes ou kalachnikovs, se mettent à danser et entonnent des chants guerriers. «Nous sommes les combattants de la liberté, Charles Taylor est notre père, ceux qui n'aiment pas Taylor, on les tuera comme des chiens.» Plus on approche des zones de combats, plus ils sont nombreux. Sur la route qui mène au front, l'un d'entre eux, la tête couverte d'un foulard aux couleurs du drapeau américain, insulte un cadavre grouillant d'asticots.
Cicatrices. «Regardez, même les vétérans sont là pour soutenir la lutte», fait George en montrant un unijambiste. Lui-même est un blessé de guerre, il lui manque plusieurs doigts à la main droite, son torse est strié de cicatrices. George se présente comme un «diplômé», il est allé à l'école jusqu'à 13 ans, ensuite il est entré dans la guérilla, «puis je suis retourné à l'école