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Libération

La maladie de Ben Ali obsède la Tunisie

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Un probable cancer rallume la guerre des clans.
publié le 13 juin 2003 à 23h22

Jeune Tunisienne de Paris, Leïla ne se reconnaît plus. Pas un jour désormais où elle ne guette les apparitions du président Zine ben Ali ­ «amaigri, les traits tirés», assure-t-elle ­ à la télévision nationale. Il y a quelques mois, elle les fuyait, excédée de voir le raïs tunisien y camper en permanence. Aujourd'hui, le présentateur égrène toujours la litanie des ministres «reçus par le Président». Mais sans l'image. Même chose en une des quotidiens : les traditionnelles photos de Ben Ali s'y font rares. Et cette absence, rompue seulement tous les trois ou quatre jours, alimente la rumeur qui a envahi le pays : celle de la maladie du chef de l'Etat, âgé de 67 ans et au pouvoir depuis 1987. Rien n'y fait. Pas même les dénégations de certaine chancellerie européenne «amie» qui, plus royaliste que le roi, attribuait récemment ce secret de polichinelle à une... subtile manoeuvre du palais de Carthage pour «détourner l'attention des Tunisiens» de la tension créée par la guerre contre l'Irak !

Indices. «Le problème, c'est que les faits parlent d'eux-mêmes», constate un expert de la situation. A l'instar des Tunisiens ou des diplomates étrangers, il additionne les «indices». D'abord, l'embarras des responsables du RCD, le parti au pouvoir. Interpellés dans nombre de réunions sur la «santé du Président», ils se gardent de répondre. L'un d'eux a eu l'imprudence de lâcher : «J'en suis réduit au même point que vous», au lieu de s'en tenir au sempiternel : «Il va bien, merci !» Il s'en