Londres de notre correspondant
Le Lord Chancellor occupait la fonction la plus ancienne du royaume après Elizabeth II. A la fois garde des Sceaux, juge suprême et président de la Chambre haute, il exerçait un rôle sans équivalent dans une démocratie occidentale. Avec sa robe, son jabot de dentelle et sa perruque poudrée, il faisait partie de ces anachronismes chers à l'Angleterre. Son existence a pris fin brutalement jeudi, lors d'un remaniement ministériel. Une décision qui soulève un tollé.
«Saddamesque». Un pair du royaume, membre du Parti conservateur, lord Anslow, accuse le gouvernement néotravailliste de «fouler au pied des siècles d'histoire britannique». Plus encore que la mesure elle-même, il dénonce «la manière presque saddamesque» avec laquelle elle a été prise. L'opposition dénonce une réforme rédigée à la va-vite «sur le dos d'une enveloppe». Un émoi à la hauteur de l'événement. La nomination du premier Lord High Chancellor remonte à l'an 605. Jusqu'à la période moderne, cet homme, recruté le plus souvent parmi le clergé, servait de secrétaire particulier et de directeur de conscience au souverain. Dans l'ordre monarchique, il était le second sujet en importance après l'archevêque de Canterbury, le chef spirituel de l'Eglise anglicane. Ce changement constitutionnel était réclamé depuis longtemps par de nombreux juristes. L'existence d'un Lord Chancellor contredit le principe même de la séparation des pouvoirs. Il a un pied à la fois dans l'exécutif, le législatif