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Libération

Les officiers dénoncent la haute trahison de Saddam Hussein

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L'armée irakienne dissoute, ses soldats se sentent humiliés.
publié le 16 juin 2003 à 23h23

Bagdad envoyé spécial

De son frère qui n'est plus, il reste un portrait au-dessus de la télévision. «Tué par un obus iranien en 1987 à Bassora», dit Haithman. A côté de la peinture, il y a le décret encadré du parti Baas à l'intention du défunt. «Même après la mort, il nous suivait encore», dit Haithman à propos du parti unique de Saddam Hussein. La signature du président irakien figure dans le médaillon doré délivré au soldat martyr qui est accroché au mur.

Il y a beaucoup de l'Irak de Saddam Hussein entre ces quelques objets : la guerre, la mort, la soumission. Mais aussi «cet attachement au drapeau irakien», comme le disent plusieurs anciens officiers rencontrés à Bagdad, que le dictateur a instrumentalisé durant plus de vingt années de guerre et d'embargo pour maintenir son pouvoir absolu. C'est ce même «attachement» qui rend aujourd'hui ces ex-militaires souvent amers, parfois révoltés face à la présence de troupes américaines sur leur sol et la décision de dissoudre l'armée irakienne.

Guerres et injustices. Cet homme à la carrure imposante était général, chargé du transport et de la logistique dans l'armée irakienne. Il s'est retrouvé dans l'armée par obligation. «La fin de mon service militaire a correspondu avec le début de la guerre contre l'Iran. Je n'ai pas pu retourner à la vie civile.» Pourtant, Haithman dit qu'il n'a «jamais cessé d'être un soldat de la terre irakienne». Il raconte sa guerre contre l'Iran en remontant une jambe de pantalon qui dévoile une cheville