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Les Britanniques entre hystérie et flegme

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Les eurosceptiques dénoncent la «tyrannie» du projet. Les blairistes se félicitent des intérêts insulaires préservés.
publié le 17 juin 2003 à 23h25

Londres de notre correspondant

Etat des lieux sur la nouvelle Constitution, à l'approche du sommet de Thessalonique des 19, 20 et 21 juin.

Avec son outrance coutumière, le Sun annonce une nouvelle bataille d'Angleterre. En première page, le tabloïd rappelle les grandes victoires du royaume, contre l'Invincible Armada de Philippe II, la flotte de Napoléon et l'aviation de Hitler. Des ennemis qui risquent aujourd'hui de prendre leur revanche : «Nous avons damé le pion aux Espagnols (en 1588), aux Français (en 1805) et aux Allemands (en 1940). En 2003, Blair livre la Grande-Bretagne à l'Europe», prévient la manchette.

«Trahison». Le projet de Constitution européenne ne pouvait que déchaîner les passions dans un pays toujours en proie à ses vieux démons isolationnistes. Les eurosceptiques proclament leur patrie insulaire en danger, dénoncent «un projet de tyrannie», accusent leurs dirigeants de «trahison» et prédisent la «fin des libertés» chèrement acquises au fil des siècles. Les conservateurs relèvent la tête et brandissent le spectre d'un «super-Etat européen».

A la tête de cette nouvelle croisade se trouvent les principaux magnats de la presse du royaume : le vicomte de Rothermere, patron du très à droite Daily Mail, l'Australo-Américain Rupert Murdoch, qui possède entre autres le Sun et le Times, et le Canadien Conrad Black, propriétaire du Telegraph. Ce dernier milite ouvertement pour un rattachement de la Grande-Bretagne à l'Alena, l'Accord de libre-échange nord-américain. L