LE POUR
Bien que presque aucun gouvernement n'ose le voir ou le dire, cette Constitution a le mérite de mettre en place un système clairement fédéral. Et peu importe que Valéry Giscard d'Estaing ait retiré cet adjectif du texte pour ménager les susceptibilités britanniques ! L'Europe, perçue comme une bureaucratie anonyme, va s'incarner dans des visages : ceux de ses dirigeants propres. Il y a ainsi la création d'un président permanent du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, et d'un ministre européen des Affaires étrangères. Mais surtout, pour la première fois, l'Union est dotée d'un chef de l'exécutif disposant d'une légitimité démocratique propre : un "monsieur" ou une "madame Europe". Il ou elle sera le président de la Commission, élu par le Parlement européen à la majorité simple, sur proposition du Conseil européen. La nouveauté, c'est que le ou les noms soumis par les gouvernements devront prendre en compte le résultat des élections européennes. Cela veut dire que, si tous les groupes politiques du Parlement s'organisent pour faire campagne sur une plateforme et un candidat à la présidence de la Commission, le chef de l'exécutif européen sera élu, au suffrage indirect, par les 450 millions de citoyens appelés à voter aux européennes. De par cette légitimité, c'est lui qui sera l'homme fort de l'Union. Le président permanent du Conseil seulement élu par 25 ou 28 chefs d'Etat et de gouvernement sera, lui, une espèce de secrétaire général de l'ONU, un