Bagdad envoyé spécial
C'est un exercice aussi nouveau qu'audacieux pour les Irakiens : les sondages font leur apparition dans un pays où, il y a à peine un peu plus de deux mois, s'écarter un tantinet du culte de Saddam Hussein pouvait envoyer dans la sinistre prison d'Abou Ghraib, à l'est de Bagdad, quand ce n'est pas dans sa salle de pendaison.
Vieilles habitudes. Assaah («l'Heure») est l'un des 70 journaux qui ont vu le jour depuis deux mois en Irak. Samedi, ce bihebdomadaire a publié un premier sondage sur les aspirations des Irakiens en matière de régime politique, de gouvernement de transition et sur les candidats pour le diriger. «66 % des Irakiens revendiquent un Etat islamique, 25 % un Etat laïque, 4 % désirent le retour du régime monarchique et 3 % veulent un gouvernement composé de technocrates», titre le journal, dont le président du conseil d'administration est le leader sunnite des Frères musulmans, Ahmed Oubeid al-Koubeissy. Assaah indique que ce sondage a été réalisé sur un échantillon de «200 personnes de différentes classes sociales» mais, dans sa méthode, les vieilles habitudes héritées de l'ère sécuritaire persistent : nom, adresse et profession figurent sur les fiches remplies par les sondés, et le journal les reproduit sans autre forme de précaution.
«Les opinions exprimées par ce sondage prédisent une catastrophe sociale si des efforts ne sont pas faits pour préserver la sécurité et les lois», affirme le journal, plus prolixe dans ses interprétations que