Etat des lieux sur la nouvelle Constitution, à l'approche du sommet de Thessalonique des 19, 20 et 21 juin.
Bruxelles
de notre correspondant
Un eurosceptique danois ou britannique, c'est un quasi-pléonasme. Depuis 1996, un troisième larron a discrètement rejoint ce club des empêcheurs de fédéraliser entre soi : l'Espagne. Curieusement, ce virage est passé relativement inaperçu, comme s'il était difficile d'admettre que ce pays qui «doit énormément à l'Europe, politiquement, diplomatiquement, psychologiquement, financièrement», comme on le rappelle à la Commission, ait pu rejoindre l'arrière-garde de l'Union. Vendredi, alors que tous les conventionnels se réjouissaient d'avoir bouclé leur projet de Constitution, Ana Palacio, ministre des Affaires étrangères, a jeté un froid : «Le gouvernement espagnol maintient une réserve essentielle» sur le texte que Giscard d'Estaing, président de la Convention, va présenter le 20 juin au sommet de Thessalonique. La menace est claire : Madrid bloquera la Constitution si son poids n'est pas significativement accru dans la nouvelle répartition des pouvoirs.
Menace. Simple geste de mauvaise humeur ? Que nenni : en juin 1997, au sommet d'Amsterdam, l'Espagne a mis sa menace à exécution. Les Quinze étaient alors tout près d'un accord réformant les institutions avant l'élargissement. Les cinq pays les plus peuplés renonceraient à leur second commissaire européen, pour alléger l'exécutif bruxellois. Mais, brusquement, José Maria Aznar, chef du gouver