La salle de la cour d'appel était comble, hier à Rabat. Mais c'est dans un silence glacé que la cour a énoncé le verdict en appel d'Ali Lamrabet : trois ans de prison ferme, contre quatre ans en première instance, pour «outrage à la personne du roi». Et le maintien de l'interdiction des deux publications dirigées par le journaliste franco-marocain. «Honteux», s'est écrié l'un de ses avocats, Abderrahim Jamaï. En dix secondes, Rabat venait de transformer un journaliste, au fond peu connu, en héros-martyr de la liberté de presse et un absurde délit d'opinion en une affaire internationale test de la poursuite du processus démocratique au Maroc.
«Déterminé». Lundi pourtant, une déclaration apaisante du Premier ministre marocain qui venait de s'entretenir avec Jacques Chirac à Paris avait laissé espérer que ce verdict serait l'occasion de mettre un point final à cette affaire. Celle-ci est en effet d'autant plus embarrassante pour Rabat que l'état de santé du journaliste est inquiétant. Très affaibli par la grève de la faim qu'il observe depuis le 6 mai, il n'était même pas présent à l'audience. Et il se dit «déterminé» à poursuivre son jeûne.
En attendant, son cas s'est «internationalisé». Son frère et un groupe d'associations de défense des droits de l'homme ont ainsi été reçus, lundi au Quai d'Orsay, qui a affirmé (le) «suivre de près». Auparavant, la Commission européenne avait fait savoir, le 5 juin, qu'elle suivait avec une «grande attention» le procès en appel.
Rien n'y a