Belfast envoyé spécial
Qui est «Stakeknife» ? Il y a deux ans, Hugh Ord, l'un des policiers britanniques chargés d'une vaste enquête sur le comportement des forces de sécurité en Irlande du Nord, a demandé à Charlotte Notarantonio, catholique de Ballymurphy, si elle connaissait un certain Stakeknife. «Je lui ai répondu que non. Il a ri», se souvient-elle. Comme si ce nom avait à voir avec sa destinée... Depuis un certain temps déjà, la rumeur courait que les renseignements britanniques disposaient au plus haut échelon de l'IRA d'une taupe baptisée de ce nom de code, un dérivé phonétique de steak knife (couteau à viande), et, quand un journaliste du Sunday Times avait pour la première fois évoqué son existence, en 1999, il avait été accusé de violer la loi sur le secret défense.
Le rire de l'enquêteur Ord avait laissé Charlotte Notarantonio désemparée. Que pouvait donc avoir à faire ce Stakeknife avec la mort de son père, exécuté dans son lit un matin d'octobre 1987 par quatre hommes de l'UDA, l'Association de défense de l'Ulster, un groupe paramilitaire protestant ? Les meurtriers s'étaient vantés d'avoir éliminé «le chef de l'IRA à Ballymurphy». Francisco Notarantonio, catholique d'origine italienne, avait bien fait de la prison pour appartenance à l'Armée républicaine irlandaise, mais c'était dans les années 40 et, depuis, il n'avait plus aucun lien avec le mouvement clandestin. «On a fait plein de suppositions, dit Charlotte. Plus maintenant, tout devient clair.»
Le 10 mai d