New Delhi
de notre correspondant
En apparence, Sharbat Tanvir était une femme respectable. Une bourgeoise sans histoires, épouse d'un médecin expatrié dans un pays du Golfe, décrite par ses voisins comme «tout à fait normale». Aujourd'hui, cette femme est pourtant derrière les barreaux. Motif: elle infligeait les pires tortures à la gamine de 12 ans qu'elle employait comme domestique. Le crâne ouvert, la jambe cassée et le corps couvert de brûlures et de cicatrices, Selma a en effet dû être hospitalisée d'urgence, fin janvier, lorsqu'une association de lutte contre le travail des enfants est venue l'arracher aux mains de son employeur-bourreau. Selon les médecins, elle serait probablement morte de ses blessures si les voisins, alertés par les cris et les pleurs quotidiens, n'avaient pas fini par contacter le mouvement Sauver l'enfance.
Barres de fer. A l'hôpital, Selma a raconté son calvaire. Originaire d'un petit village du Bihar, un Etat pauvre du Nord, elle était venue il y a six mois à New Delhi pour travailler comme domestique chez Mme Tanvir, la soeur du patron de ses parents. Mais, en fait de domestique, la fillette était devenue une véritable esclave. Interdite de sortie, elle était régulièrement battue, brûlée et affamée pour des fautes a priori sans gravité. Quinze jours avant sa libération, elle avait ainsi été violemment battue à coups de barres de fer pour avoir «trop mangé», d'où l'impressionnante plaie purulente qui lui traversait le crâne lorsqu'elle a été trans