Belgrade de notre correspondante
A en croire les sondages, plus de 80 % des 10 millions d'habitants du jeune Etat de Serbie et Monténégro (né le 4 février 2003) aspirent à devenir le plus tôt possible membre à part entière de l'Union européenne. Mais, en même temps, ils sont presque autant à nourrir du ressentiment à l'égard de cette même Europe qui ne cesse de faire pression sur les autorités serbo-monténégrines. «Ils ne sont et ne seront jamais contents, et je ne nous vois pas en Europe de sitôt», se lamentait une étudiante en sciences politiques. L'optimisme affiché à l'issue du sommet de Porto Carras par les dirigeants de la Serbie et du Monténégro tranche avec l'image totalement chaotique de la scène politique, un peu plus de trois mois après l'assassinat du Premier ministre serbe réformateur, Zoran Djindjic. Les vrais partisans de l'UE fondent leurs espoirs sur le caractère «irréversible» de la marche vers l'Europe, dont a parlé le chef du nouvel Etat commun, Svetozar Marovic, pro-occidental, aux pouvoirs surtout symboliques.
Querelles croisées. L'un des obstacles est la difficile mise en place des institutions de l'Etat et l'harmonisation des relations entre ses deux composantes aux économies disparates : le Monténégro utilise l'euro, la Serbie, le dinar. Le Parlement commun fonctionne cahin-caha avec des querelles croisées et des guerres internes, tant en Serbie qu'au Monténégro. C'est chacun pour soi au sein de la coalition DOS, au pouvoir en Serbie, qui n'arrive à s'