São Paulo
de notre correspondante
Reconverti au pragmatisme, Lula brise un à un les tabous de la gauche. Fidèle à sa stratégie de campagne, qui lui avait permis de se faire élire à la tête du Brésil après trois défaites successives, le «gauchiste repenti» pactise avec ses ennemis d'hier. Au pouvoir depuis le 1er janvier, le Président vient de prendre comme allié le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), en échange de postes dans la fonction publique et bientôt d'un portefeuille ministériel.
Tant pis si le Parti des travailleurs (PT), dont il est le chef historique, a toujours récusé le marchandage. «Le PT est passé de la pureté au réalisme tous azimuts, voire à l'opportunisme», note le politologue Octavio Amorim Neto. Négociée par le «superministre» de la Maison civile, José Dirceu, l'alliance avec le PMDB (qui compte 68 députés et 19 sénateurs) garantit au Président la majorité de trois cinquièmes du Congrès, nécessaire pour l'approbation des réformes constitutionnelles. «La première réforme qu'il a envoyée au Congrès (et qui a été approuvée, ndlr) est celle qui ouvre la voie à l'autonomie de la Banque centrale. Venant de la part de Lula, c'est dur à avaler», soupire le philosophe Renato Janine Ribeiro, proche du Parti des travailleurs.
Pragmatisme. La prochaine réforme provoque déjà une levée de boucliers. Elle réduit les retraites du secteur public, l'une des principales assises électorales du Parti des travailleurs. La gauche du parti, soit le tiers de ses