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Libération

Les réfugiés de la peur à Bogota

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Fuyant milices et guérillas, des paysans s'entassent dans des bidonvilles.
publié le 25 juin 2003 à 23h31

Bogota de notre correspondant

Peu à peu, les cahutes ont envahi la montagne pelée. A quelques dizaines de mètres de l'auto rou te qui mène les riches Colombiens vers leur maison de vacances, au sud de Bogota, les cabanes des Altos de la Florida étalent leurs murs de planches et de tôles récupérées. Ils sont quel ques-uns, parmi le millier de civils chassé chaque semaine de ses terres par la guerre civile, à venir s'y réfugier. «Là où j'habitais, dans le Tolima, j'avais une ferme, du plantain et des poules, raconte Ramiro, sur le chemin de terre. Mais la guérilla a attaqué le village et m'a donné trois jours pour disparaître.» Du bras, il montre sa nouvelle maison : une pièce pour dormir et un foyer ouvert au vent froid des Andes, devant lequel il a improvisé un maigre potager.

Désoeuvrés. Comme presque trois millions de Colombiens en moins de vingt ans, Ramiro a subi les effets du conflit entre armée, guérillas d'extrême gauche et milices paramilitaires d'extrême droite. Aujourd'hui, il grossit les cohortes de paysans déracinés réfugiés à Soacha, banlieue de Bogota à la croissance exponentielle et anarchique. Dé soeu vrés, ils débarquent armés de leurs seuls souvenirs. «Je suis arrivé au terminal de bus de Bogota à une heure du matin, perdu avec mes deux enfants, se rappelle Ramiro. Nous n'avions que nos habits.»

Ses voisins racontent les mêmes histoires : les uns ont voulu éviter à leur fils adolescent d'être enrôlé par la guérilla, d'autres ont fui les menaces des paramilitai