Quand deux pays voisins qui représentent ensemble plus du tiers de la population du globe, de surcroît deux puissances nucléaires s'étant déjà affrontées par les armes, amorcent une réconciliation, l'événement a tout pour marquer un tournant historique. C'est en tout cas l'image que le Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee, veut imprimer à sa visite officielle de six jours en Chine, la première d'un chef du gouvernement indien dans ce pays depuis plus de dix ans, même s'il reste beaucoup de chemin à accomplir pour effacer des décennies de suspicion et de rancoeur.
Compromis. Principal signe tangible de ce rapprochement entre les deux géants d'Asie, éternels rivaux stratégiques, la déclaration signée mardi par Atal Behari Vajpayee et son homologue chinois, Wen Jiabbao, qui porte la marque du compromis sur leurs différends territoriaux le long de leurs 4 000 km de frontière commune. L'Inde reconnaît pour la première fois explicitement la souveraineté chinoise sur le Tibet, alors qu'elle sert de refuge depuis plus de quarante ans au dalaï lama, le chef spirituel des Tibétains, et à quelque 100 000 réfugiés ayant fui la mainmise chinoise sur le «Toit du monde». Le Premier ministre indien s'engage même à s'opposer aux «activités antichinoises» des Tibétains installés en Inde, une déclaration lourde de sens au lendemain de l'expulsion forcée vers la Chine de 15 réfugiés tibétains du Népal, apparemment avec l'accord tacite de New Delhi. Les plus optimistes des Tibétains exil