La France doit-elle vendre un satellite-espion à la Chine populaire ? Discutée au plus haut sommet de l'Etat, cette question fait, à Paris, l'objet d'un débat aussi vif que discret. «Certains sont prêts à vendre n'importe quoi !», s'insurge un officier supérieur, alors que la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, arrive dimanche à Pékin pour une visite officielle. «C'est un dossier explosif», reconnaît un diplomate. Les militaires souhaitent empêcher la vente d'un équipement jugé stratégique à un pays peu sûr, alors que les diplomates soutenus par les industriels l'encouragent au nom du concept chiraquien de «multipolarité».
Toute à ses ambitions internationales, la Chine souhaite en effet acquérir un satellite d'observation comparable à l'engin militaire français Hélios 1, dont les images sont «secret défense». «Pékin a absolument besoin de la technologie étrangère, car ils ne savent pas faire ce genre de choses», explique le général Jean-Vincent Brisset, spécialiste de l'armée chinoise (1). La Chine a un grand retard en matière d'observation spatiale et «elle essaie désespérément d'obtenir des transferts de technologies», confirme Isabelle Sourbès-Verger, chercheuse au CNRS (2).
Archaïque. Depuis 1975, Pékin utilise des satellites de reconnaissance militaire FSW de conception russe. Il s'agit de petites capsules qui restent quelques jours en orbite avant de redescendre leurs photos sur terre... Une technologie complètement archaïque. Au cours des années 90, la Ch