Bagdad envoyé spécial
Quand les Américains ont envahi l'Irak, Douaa a eu «un peu peur. Non pas de la mort, mais d'être blessée, de souffrir, de rester handicapée». Douaa a quinze ans et de grands yeux noirs qui illuminent son visage cerné par un foulard blanc qu'elle porte sur sa robe grise de collégienne. Comme cinq millions d'enfants irakiens, elle doit participer aux examens de fin d'année avant la mi-juillet. Pour les enseignants et les parents, la tâche est énorme : à Bagdad, les établissements scolaires ont été pillés et les ministères de l'Education et de l'Enseignement supérieur ne sont plus que des squelettes de béton où de petits voleurs en âge d'être scolarisés s'acharnent sur les dernières fenêtres pour revendre le métal au marché aux puces. De nombreux parents redoutent également d'envoyer leurs enfants à l'école en raison du sentiment d'insécurité qu'ils éprouvent dans la capitale irakienne. «C'est un défi important pour l'Irak et un défi pour nous de pouvoir les aider», affirme Geoffrey Keel, chargé de la communication pour l'Unicef. L'agence onusienne a financé l'impression de 15 millions de cahiers pour les examens.
Effigie. Dans une banlieue poussiéreuse au sud de Bagdad, Douaa fait visiter son collège saccagé par les pillards et débarrassé de l'effigie de Saddam. Les mots de l'adolescente rappellent ceux de sa mère se souvenant de la terreur que lui inspirait le dictateur : «Je me disais que si un jour j'étais arrêtée, je préférerais mourir plutôt que de res