Lampedusa envoyé spécial
«C'est une trêve. Quatre jours sans débarquement de clandestins sur l'île, en cette saison, c'est anormal», souligne-t-on à la capitainerie du port de Lampedusa. Pourtant, gardes-côtes, officiers de la brigade financière et carabiniers restent mobilisés 24 heures sur 24, dans l'île la plus méridionale d'Europe, aux confins de l'Afrique, à environ 130 kilomètres de la Tunisie et 180 kilomètres de la Libye. Une semaine après le naufrage dans lequel ont péri 200 émigrés africains, les patrouilles se poursuivent au sud de ce bout de terre incandescent de 23 kilomètres carrés. Dans l'attente du prochain flot humain.
Rien qu'au cours des trois premières semaines de juin, une vingtaine de vieilles barques transportant plus de 2 500 personnes ont été arraisonnées et escortées jusqu'à l'île. Depuis le début de l'année, ils seraient près de 4 000 extra-communautaires à être passés par la «première porte de l'Europe». Malgré les hélicoptères militaires, les hors-bord et autres avions de reconnaissance, le dernier rafiot a trompé tous les radars, lundi dernier, se laissant glisser jusqu'au rivage de Lampedusa pour y débarquer son chargement de 41 miséreux exténués. «Les données sur les flux d'immigration sont encore partielles mais la tendance est à la hausse», note, un brin désabusé, le lieutenant de vaisseau et commandant du port, Michele Niosi. D'autant que la comptabilité ignore les disparus, les naufragés avalés par le canal de Sicile, les malchanceux retrouv