Monrovia envoyée spéciale
Ils sont heureux, tirent en l'air, entonnent des refrains à la gloire de Ghankay, alias Charles Taylor. Entouré de ses troupes hétéroclites, le général Roland Duo, grand bonnet orange fluorescent sur la tête, supervise le ratissage du port. Des sacs de riz éventrés, des poupées et des peluches, vestiges d'un stock de jouets, jonchent le sol. Des soldats, un nounours ou un lapin rose dans une main, un fusil dans l'autre, patrouillent d'un pas rapide.
Tapis de douilles. Soudain, des cris retentissent derrière une rangée de containers. Des soldats ont déniché trois hommes en civils, apeurés, qu'ils soupçonnent d'être des rebelles. Un autre prisonnier, nu comme un ver, gît dans un pick-up. Sans doute doit-il sa survie à la bonne humeur des forces gouvernementales. «Le port est complètement sous notre contrôle», se félicitent les officiers. Pris jeudi par les rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) avant d'être aussitôt repris par les forces fidèles au président Taylor, le port est le centre névralgique de Monrovia. Aux alentours, les tapis de douilles témoignent de la violence des combats.
Jeudi soir pourtant, des obus tombaient dans le centre-ville et tout le monde s'attendait à l'offensive finale du Lurd. Deux ponts seulement les séparaient du coeur de la capitale. Mais vendredi, les forces de Charles Taylor ont repris l'axe menant vers le Nord jusqu'au pont Saint-Paul, à une dizaine de kilomètres du centre. Ils affirmen