Bagdad envoyé spécial
La multiplication, ces derniers jours, des attentats antiaméricains inquiètent les Bagdadiens, même si certains n'hésitent pas à dire que leurs auteurs ne font que rendre leur monnaie de leur pièce à des «forces d'occupation» taxées d'inaction. Près de trois mois après la chute du régime de Saddam Hussein, la déception, voire la colère, grondent dans la capitale irakienne. Depuis plusieurs jours, la ville est aux prises avec d'incessantes coupures d'électricité, qui privent nombre de foyers d'eau potable et d'air conditionné quand le thermomètre dépasse allégrement les 40 degrés.
Sabotage. L'autorité provisoire de la coalition, dirigée par l'Américain Paul Bremer, a beau répéter que ces coupures sont liées à des actes de sabotage qui ont gravement endommagé le réseau de distribution local, Ali n'en croit rien. «Comment un seul attentat pourrait-il priver l'ensemble de la capitale d'électricité ?», s'interroge cet adolescent, faisant écho à une rumeur persistante à Bagdad : en jouant avec les nerfs de la population, les Américains chercheraient à casser son moral pour mieux la soumettre. Samedi, des Humvees, dotés de haut-parleurs, ont circulé dans la capitale pour annoncer que le courant serait rétabli «le plus tôt possible».
Cette promesse arrive un peu tard pour Nadjat Saliba. Cette chrétienne, qui a perdu son mari durant la guerre contre l'Iran, dans les années 80, a dû se résoudre à quitter son immeuble du quartier de Zayouna : sans électricité, l'eau