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Libération

Laos: charges alourdies contre les reporters

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Les journalistes français et belge sont accusés de complicité de meurtre.
publié le 30 juin 2003 à 23h35

Bangkok de notre correspondant

Pris dans les mailles d'un système tragiquement ubuesque, deux journalistes, le Français Vincent Reynaud et le Belge Thierry Falise, se retrouvent aujourd'hui devant un tribunal provincial du Laos, accusés de complicité dans le meurtre d'un milicien villageois laotien. Leur tort : avoir voulu effectuer un reportage sur un groupe rebelle hmong qui mène depuis des décennies une guérilla sporadique contre le pouvoir communiste laotien. Un reportage clandestin, comme le veut la loi du genre : la guérilla hmong, dont l'existence n'est pas reconnue par le gouvernement laotien, est un sujet sensible dans ce pays. Et aux yeux des autorités locales, le fait que Vincent Reynaud et Thierry Falise soient des journalistes expérimentés qui s'appliquaient à faire leur métier n'intervient pas. «Le problème n'est pas vraiment qu'ils enquêtaient sur les Hmongs. Le problème est qu'il y a eu mort d'homme et les dirigeants laotiens ne veulent pas les laisser partir aussi facilement. Je ne suis pas optimiste», confie Grant Evans, un anthropologue australien, résidant à Vientiane.

Un touriste canadien qui avait rencontré les deux journalistes après leur arrestation en a éclairé les circonstances. «Il y a eu un accrochage entre les rebelles et un groupe de gardes villageois. Tout le monde s'est dispersé dans la forêt. Thierry et Vincent ont été arrêtés sur la route, plusieurs jours après», a indiqué Patrick Foisy, lors d'une conférence de presse à Bangkok. Les reporters