Buenos Aires de notre correspondant
Surnommé «Miguel Angel» ou «Serpico», le tortionnaire argentin, Ricardo Cavallo, installé au Mexique, a finalement été extradé en Espagne, avec l'accord tacite des autorités de Buenos Aires, incapables de le juger. Cette extradition est une première dans la lutte contre l'impunité des auteurs présumés de graves violations des droits de l'homme. L'ancien lieutenant de vaisseau, 52 ans, est arrivé hier à Madrid et a aussitôt été entendu par le juge Baltasar Garzon, qui l'accuse d'avoir séquestré, torturé et tué des opposants au régime militaire, au pouvoir entre 1976 et 1983. Depuis 1996, le magistrat espagnol accumule les témoignages sur les méfaits de Ricardo Cavallo. Ce dernier serait impliqué dans 248 disparitions, 128 cas de séquestration et de torture et dans l'enlèvement de 16 nouveau-nés dont les mères ont ensuite disparu. Pour le juge français Roger Leloir, il serait également responsable de l'homicide de quinze Français, dont les religieuses Léonie Duquet et Alice Domon.
Vols de la mort. Installé au Mexique en 1984, après avoir été attaché militaire de l'ambassade d'Argentine à Paris pendant trois ans, Ricardo Cavallo y dirigeait le service des cartes grises. Il est reconnu en août 2000 par ses victimes sur une photo du journal mexicain La Jornada et arrêté par Interpol alors qu'il tente de regagner son pays où les lois dites du «point final» et du «devoir d'obéissance» garantissent l'impunité des militaires ayant participé à la «gue