Watford, comté de Hertford
envoyé spécial
Le révérend David Phillips, en bras de chemise, arbore un sourire qui semble figé pour l'éternité. Aucune colère ou irritation ne transparaît dans sa voix douce, pas même quand il évoque les «faux prophètes» qui pervertissent l'Eglise d'Angleterre. Une question suscite une gêne immédiate. Quelle attitude adopter envers les prêtres homosexuels ? «Ils doivent renoncer à leur ministère», «se repentir», répond-il. «Nous devons les aider à changer leur mode de vie». Mais, il reconnaît, en rougissant, avec un petit rire nerveux, qu'il aurait «personnellement du mal à traiter avec ces... gens».
Depuis une lointaine banlieue, au nord de Londres, David Phillips dirige la Church Society, l'un des principaux groupes évangéliques anglicans. Une frange très conservatrice qui appelle ses fidèles à communier autour de «la Bible, l'Eglise et la Nation». Une unité aujourd'hui plus que jamais menacée. «Cela va être la pagaille. Une pagaille complète !», prévient-il. De nombreuses paroisses menacent de ne plus verser la moindre obole à leur diocèse ou même de nommer leurs propres évêques. «Nous ne voulons pas d'un schisme. L'Eglise a toujours su rassembler des courants très divers. Mais il y a un point de rupture». D'un bout à l'autre du monde anglican, la révolte gronde depuis la nomination comme évêque de Reading d'un homosexuel déclaré, le Dr Jeffrey John. Le «révérendissime» Peter Akinola, primat du Nigeria, dénonce une «attaque satanique contre la ma