Menu
Libération
Reportage

A Monrovia, entre guerre et choléra

Article réservé aux abonnés
Le peu d'ONG présentes ne suffit pas à enrayer le désastre.
publié le 2 juillet 2003 à 23h38

Monrovia envoyée spéciale

A l'école D. Twe de New Kru Town, une seule leçon est dispensée aux arrivants : «Ne touchez personne, ne portez pas les mains à votre visage.» Devant le bâtiment, des milliers de gens pataugent dans la boue mêlée d'excréments. Les mouches volent de poissons séchés en pattes de poulet que des femmes ont disposés sur des toiles à même le sol. Pour entrer, il faut se frayer un chemin dans la pénombre, éviter les corps allongés sur des nattes, malades et bien portants pêle-mêle, et les dizaines d'enfants qui jouent dans la crasse. Collins F. Timber vient du comté de Lofa, au Nord, il a passé quatre ans dans un camp de déplacés, avant de fuir l'arrivée des rebelles. «Ma fille d'un an et demi vient de mourir du choléra, un autre de mes enfants est malade.» D'une voix monocorde, il raconte son histoire, qui ressemble à toutes les autres.

Une cinquantaine de lieux comme cette école ont été répertoriés à Monrovia. Des dizaines de milliers de personnes entassées les unes sur les autres, sans nourriture, sans eau potable et sans latrines, en pleine saison des pluies : l'épidémie se répand comme une traînée de poudre. Durant la semaine des combats, 245 cas ont été enregistrés, un pic plus qu'inhabituel. Les locaux du pavillon des cholériques à l'hôpital Kennedy (JFK) n'étaient pas assez vastes, il a fallu installer des tentes pour les femmes et les enfants à l'extérieur.

«Les gens se sont affaiblis, ils n'ont pas fait de repas régulier depuis mars, et, avec les co